Une passion pour la cuisine levantine – par Patricia Khoder
Article paru dans la rubrique ‘Papilles’, L’orient Le jour – 29 septembre 2017
Claude Chahine Shehadi, la passion de la cuisine levantine
by Patricia Khoder
Elle n’a pas toujours fait la cuisine. Mais aujourd’hui, Claude Chahine Shehadi a trois livres à son actif et deux autres en cours de préparation. Tous portent sur la cuisine levantine et méditerranéenne.
Résidant actuellement à Boston, c’est dans son Liban natal qu’elle puise ses recettes et son inspiration. Tout a commencé à la fin des années quatre-vingt-dix, alors qu’elle habitait Londres. La cuisinière du dimanche s’attelle aux fourneaux pour transmettre à ses enfants les saveurs et les parfums de la Méditerranée. « J’ai voulu que mes enfants grandissent avec le goût de l’Orient », dit-elle. Cette nostalgie du goût, elle en connaissait quelque chose, puisqu’elle a quitté le Liban en 1976, au tout début de la guerre. Tombée amoureuse de la grisaille de Londres, elle décide de s’y installer. Après des études de cinéma, elle travaille durant une dizaine d’années en tant que monteuse, prend des projets pour la BBC, Channel 4, et édite même des vidéoclips de pop stars, tel Dire Straits.
Puis elle se marie avec un Libanais habitant à Londres. À la naissance de leur premier enfant, elle quitte son travail et se lance, un an plus tard, dans le domaine de la mode et du design.
« J’organisais des ventes en utilisant mon carnet d’adresses, pour le compte d’amis résidant à Paris qui voulaient se lancer sur le marché anglais », explique-t-elle. Ce boulot va durer quelques années. Claude Chahine Shehadi se découvre petit à petit une nouvelle passion : la cuisine. Elle confectionne les plats de son enfance, la kebbé certes, la hrissé, et d’autres, nombreux, à base de légumineuses et de légumes. « Ma grand-mère, qui était originaire de Zghorta, était une très bonne cuisinière, confie-t-elle. Je me souviens particulièrement de la fête de saint Romanos (Mar Menos), le prénom que porte mon grand-père, et qu’on célèbre le 4 septembre. Ce jour-là, toute la famille se rassemblait autour de la hrissé. » Comme la madeleine de Proust, elle lie la nourriture à sa mémoire, à ces moments joyeux et rassurants du passé. À Londres, elle commence à donner des cours de cuisine avec une amie italienne, Maria Rosario Lazzati. Des personnes de nationalités différentes, curieuses de ces saveurs du monde dont tout le monde raffole, défilent chez elle pour apprendre les particularités de la cuisine levantine. « Pour moi, le Levant c’est le Liban, la Palestine, la Syrie, la Turquie et la Grèce. Nous avons de nombreux aliments en partage », dit-elle.
À travers son amie, elle découvre également les points communs entre les cuisines italienne et levantine. « Il ne s’agit pas uniquement de produits de base, comme l’huile d’olive, les aubergines, le citron, les tomates, les lentilles ou d’autres légumineuses. Mais également de la création d’un plat propre à une région, ce qu’on appelle actuellement le terroir, qui est en fait une cuisine de pauvre, où les gens mangent ce que leur terre produit. Chez nous, comme en Italie, il y a aussi l’économie qui entre en jeu en préparant un aliment. Au Liban, par exemple, quand on confectionne un plat à base de feuilles de blettes, on garde les tiges qu’on présente avec de l’huile de sésame », poursuit-elle.
Fan des légumineuses, Claude Chahine Shehadi a déjà cosigné avec Maria Rosario Lazzati trois ouvrages, dans la série recettes traditionnelles et contemporaines de la Méditerrannée : Le pois chiche, La lentille et Haricots & Co, publiés aux éditions Tamyras.
Pour elle, chaque livre est une aventure, une recherche et une découverte. Ces ouvrages ne partagent pas uniquement des recettes, mais surtout l’histoire d’un plat et toute l’émotion qui l’accompagne.
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